Sur le pont Sedar Senghor

Assis là au milieu des parisiens pressés, des touristes ébahis et des vendeurs à la sauvette, je savoure quelques instants de soleil. Encore une fois mes oreillettes m’abreuvent d’une soupe russe; des paroles simples, simplistes mais qui agissent sur moi comme les madeleines sur Proust. J’essaye de me projeter quelques années en arrière. Je me remémore les instants passés sur les ponts de Saint-Pétersbourg, petite Venise du nord, à observer les gens. Dans leurs yeux était visible la même insouciance coupable, coupable d’occulter volontairement les affres de la vie. Cette année là, ce fut mon premier contact frontal, déstabilisant, désarçonnant avec la Russie. Je n’étais pas prêt à recevoir en pleine figure la terrible violence de cette société. L’atmosphère, estivale et empreinte de la frénésie de la mégalopole, rassemblait tout à la fois : les dérives d’une société capitalistique déréglementée, la coexistence d’une richesse ostentatoire avec la pauvreté sordide qui se terrait dans les recoins, la fierté nationaliste débordante confrontée à la finesse profonde de la mélancolie slave, l’absence de relations sociales normalisées malgré le bagage traditionnel de la culture populaire russe. Ce premier contact, ces premières impressions auront été la graine de mon nénuphar vianesque qui pousse encore dans mon dos …

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