Une vie dans ma bibliothèque

Une soirée de silence face à sa bibliothèque à contempler les livres qui trônent fièrement, tels des talismans de différentes époques. Chaque livre écrit une page de notre propre vie. Lorsque le regard se promène entre les titres, les ouvrages, les couvertures, c’est comme si un album de famille s’ouvrait. Chaque livre occupe la place qui lui revient, il se trouve là car au moment précis où il est apparu, vous aviez décidé de le lire. C’est une introspection phénoménale, qui vous emmène dans les recoins de votre propre personnalité. Certains ont été des livres de découverte, d’autres des livres de révolte, les troisièmes synonymes d’enrichissement personnel. A la vue de cet alignement, vous prenez conscience de votre histoire, de la richesse de votre vécu. Mais en même temps vous tombez dans l’abime de tous les écrits que vous n’avez pas lu, de toutes ces pages sur lesquelles votre regard ne s’est pas posé. Et ce puit n’a pas de fond, tous les jours le corpus augmente, les annonces se multiplient. Mais rapidement, vous vous reprenez ! S’ils ne sont pas là, c’est tout simplement qu’il est trop tôt ou trop tard. Ils ne correspondent plus à vos désirs, ou n’ont pas encore su suscité votre curiosité. A l’heure de la liseuse numérique, le papier devient absurde, mais je refuse que ma vie se résume à un dossier de fichiers informatiques. La richesse des livres repose également dans la place physique qu’ils occupent face à vous. Proust écrivait à propos de ses madeleines, moi j’ai des madeleines pleines mon étagère (et il reste encore de la place). Je m’éteindrais en même temps que s’éteindra le respect que j’ai pour l’écrit. 

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